Un tournoi en pleine ascension au cœur de Montpellier
L’Open Sud de France, aujourd’hui bien ancré dans le paysage tennistique hexagonal, s’est imposé comme l’un des rendez-vous incontournables du début de saison. Organisé à Montpellier, au sein de la Sud de France Arena, ce tournoi ATP 250 attire chaque année une belle brochette de joueurs confirmés et de jeunes talents émergents. Cette édition 2024 confirme cette tendance, avec un niveau de jeu relevé, une ambiance électrique et plusieurs enseignements techniques dignes d’intérêt.
Si vous n’avez pas pu y assister ou souhaitez revoir les moments clés, ce tour d’horizon devrait vous remettre sur les rails. Focus sur les faits marquants, les performances individuelles et quelques angles tactiques à ne pas négliger.
Un plateau attractif malgré les absents
Malgré l’absence notable de certains cadors du circuit, comme Gaël Monfils ou Andy Murray présents lors d’éditions précédentes, l’Open Sud de France a su maintenir l’intérêt grâce à une programmation équilibrée. Les têtes d’affiche de cette année incluent Holger Rune, Félix Auger-Aliassime et Alexander Bublik. Tous ont su offrir du spectacle, chacun dans leur registre bien distinct.
Le tournoi a également mis en lumière des joueurs en quête de confirmation, à l’image de Luca Van Assche et Arthur Fils, les deux espoirs du tennis français. Leur présence renforce une dynamique de rajeunissement du tennis français, que les passionnés observent avec de plus en plus d’attention.
La performance majuscule d’Alexander Bublik
Le joueur kazakh, 27e mondial au démarrage du tournoi, a littéralement pris feu sur la surface indoor de Montpellier. Connu pour son style fantasque et ses coups sortis d’un chapeau, Bublik a cette fois allié puissance, constance et efficacité.
Quelques statistiques parlent d’elles-mêmes :
- 81 % de points gagnés sur son premier service en moyenne pendant la semaine.
- Un ratio aces/fautes directes qui lui a permis de dominer les échanges dès la mise en jeu.
- Une agressivité payante en retour, notamment en demi-finale face à Rune, où il a converti 4 balles de break sur 7 opportunités.
Au-delà des chiffres, c’est surtout sa capacité à maintenir son niveau sur plusieurs jours qui impressionne. Bublik a souvent été qualifié de joueur “baromètre” – imprévisible selon les jours. À Montpellier, il a montré un visage appliqué qui pourrait bien changer son image sur le circuit.
La promesse est bien française
Pas de titre tricolore cette année, mais des motifs de satisfaction. Arthur Fils, malgré une sortie en quart, continue de montrer des progrès notables sur surfaces rapides. Il s’est notamment distingué par sa capacité à construire les points avec plus de maîtrise, là où le panache pur dominait encore en 2023.
De son côté, Luca Van Assche a buté contre plus fort que lui au deuxième tour, mais son attitude laisse entrevoir une rigueur mentale supérieure à la moyenne pour un joueur de son âge (18 ans). Sur le plan physique, il n’a pas montré de signes de fatigue, signe que sa préparation hivernale a été bien calibrée.
Ce couple Fils/Van Assche pourrait bien incarner la relève du tennis français. Et Montpellier aura été un bon révélateur de leur état de forme précoce dans la saison.
Une surface rapide… mais pas trop
Historiquement, l’Open Sud de France se joue sur une surface intérieure rapide, favorisant les gros serveurs et les prises de balle précoces. Cette année, différents joueurs ont souligné un revêtement légèrement modifié, offrant un meilleur compromis entre vitesse et tenue des échanges.
Faut-il y voir un tournant technique dans la manière dont les tournois indoor sont pensés en ATP 250 ? Probablement pas, mais cela mérite d’être noté :
- Bublik et Auger-Aliassime ont déployé leur puissance habituelle sans être freinés.
- Mais des joueurs plus constructifs, comme Roberto Bautista Agut, ont réussi à développer leur jeu sans être systématiquement agressés dès la première frappe.
Ce type d’équilibre plaît aux puristes et offre un spectacle plus varié. À suivre lors des prochaines éditions.
Un public fidèle et une ambiance montpelliéraine bien particulière
Avec près de 45 000 spectateurs cumulés sur l’ensemble de la semaine, l’Open Sud de France confirme son pouvoir d’attraction en région Occitanie. Les organisateurs ont su créer une atmosphère conviviale, sans tomber dans la démesure d’autres tournois du même rang. Autrement dit, un point d’équilibre bien trouvé entre exigence sportive et accessibilité pour le public.
On sent aussi l’attachement des locaux à l’événement. Les ovations lors des matchs d’Arthur Fils ou encore l’accueil réservé à Gasquet (éliminé prématurément certes) en sont la preuve vivante. Car au-delà du classement ATP, certains joueurs conservent un capital sympathie important ici.
L’organisation : un modèle bien huilé
Côté logistique, difficile de prendre l’Open Sud en défaut. Les plannings ont été respectés malgré quelques ajustements dus à des temps de jeu plus longs qu’anticipés. Aucun coup de projecteur particulier à faire sur la technologie Hawk-Eye ou les conditions d’éclairage, ce qui, dans ce cas précis, est un bon signe.
Les joueurs eux-mêmes ont salué l’accueil et les conditions matérielles : vestiaires spacieux, terrain d’entraînement proche, nourriture adaptée aux besoins des athlètes… Des détails, certes, mais qui contribuent au confort et donc à la performance.
Perspectives : ce que Montpellier nous dit sur le reste de la saison
À la sortie de cette édition 2024, plusieurs éléments méritent d’être observés pour la suite de la saison :
- La régularité de Bublik sera-t-elle enfin au rendez-vous sur plusieurs surfaces ?
- Arthur Fils parviendra-t-il à concrétiser son potentiel sur terre battue d’ici Roland-Garros ?
- Le nouveau format de certaines surfaces indoor, plus hybrides, va-t-il s’imposer sur d’autres tournois ?
Montpellier joue le rôle de baromètre en ce début d’année : pas encore décisif, mais déjà révélateur. Les trajectoires physiques et comportementales des joueurs s’y dessinent, et certains signaux faibles ne trompent pas. Pour les amateurs d’analyse tennistique fine, ce tournoi est une mine d’informations.
Quant aux passionnés de sport en général, difficile de bouder un événement qui mêle performance, jeunesse montante et ambiance accessible. L’Open Sud de France, discret mais exigeant, poursuit son chemin avec justesse. Loin du « show business » des Masters 1000, mais tout aussi utile pour prendre le pouls du circuit.
Et si vous hésitez encore à y faire un tour l’année prochaine, rappelez-vous ceci : peu d’endroits offrent une telle proximité avec les joueurs et une telle qualité de jeu, à un tarif aussi contenu. À Montpellier, on ne vend pas du rêve : on le fait rebondir sur dur.